Il y a quelques temps déjà par la force des choses, par les épreuves de vie et notamment suite à l'opération du coeur de mon fils, j'ai été "obligée" de me questionner sur moi même, sur mes attentes professionnelles et personnelles, ce qui a donné naissance à mon projet Nous sommes toutes CEO.
A l'automne 2019, j'ai décidé d'opérer un tournant, un virage que j'avais initiée depuis des années sans pour autant aller au bout de ma démarche. J'avais besoin de retrouver du sens dans ce que je faisais et redéfinir mes essentiels de vie ; aller chercher ce que j'avais perdu en chemin, ce que j'avais découvert pendant mon expatriation et que j'avais occulté en revenant à une vie plus "normale" lors de mon retour en France qui m'avait pourtant façonnée.
Et puis, comme un printemps interdit, le confinement est arrivé...
1- Faire preuve de résilience pendant le confinement, une nécessité.
Depuis plusieurs années, on m'expliquait que la résilience était un trait qu'un leader devait façonner, qu'il fallait apprendre à affronter les épreuves de la vie avec courage, calme et détermination en gardant le cap tout en acceptant de ne pas tout contrôler. Ce mot ne voulait pas dire grand chose pour moi au début et puis j'ai tellement appris avant le confinement que quand il a fallu se confiner, arrêter sa vie d'avant...finalement je n'ai pas été désarçonnée, j'étais préparée et je suis restée sereine face à un changement que personne n'avait envisagé. Le télétravail et les Visio cela faisait des années que je les mettais en pratique. Là, finalement tout le monde allait s'y mettre, même les plus récalcitrants et découvrir que d'avoir des enfants à la maison ce n'était pas si évident.
2- La quête de sens, indispensable en temps de solidarité nationale
Je n'exerce pas un métier dit en 1ère ligne, ni en second. Je me place dans la 3ème ligne. Mais il est bon de pouvoir se sentir utile et de prendre conscience que nous avons tous un rôle à jouer dans la chaine de solidarité nationale.
Mon 1er rôle est de rester à la maison pour éviter la propagation du virus, de m'occuper de mes enfants, de continuer à leur assurer une stabilité psychique et morale, d'assurer leur continuité pédagogique pour un demain meilleur. J'ai mis d'ailleurs en ligne les différents dossiers pédagogiques que j'ai constitués au fil des semaines si cela peut aider certaines familles à faire l'école à la maison.
Il faut dire que mon expérience de femme expat m'a très certainement aidée à mettre en place une nouvelle organisation très rapidement!!!
Mon 2nd rôle, est de pouvoir mettre mes compétences au service des citoyens et de la collectivité territoriale qui m'emploie. Une de mes premières missions est de pouvoir relancer notre chantier emblématique et faire en sorte que je puisse assurer à mon échelle un soutien aux différents acteurs économiques, partenaires et entreprises. Mettre tout en oeuvre pour permettre une réouverture des chantiers tout en garantissant le respect des conditions sanitaires renforcées fait sens aujourd'hui. Plus qu'un soutien économique c'est aussi et avant tout un soutien social et humain pour les citoyens.
3- La gestion de crise : l'action dans le temps
Pour ma part, la gestion de crise aura eu plusieurs temporalités pour moi.
Le temps de l'observation et de l'arrière front : Dès le lendemain de l'allocution du Président de la République le 12 mars 2020 et la fermeture des écoles le 13 mars au soir, mes responsables sont à pied d'oeuvre pour savoir qui du personnel sera en mesure d'être présent le lundi 16 mars. J'étais totalement observatrice de cette 1ère gestion de crise et mise en absence exceptionnelle pour garde d'enfants. Ce n'était pas mon heure pour l'action.
En même temps, mon mari, lui, enchainait réunions de crise sur réunions de crise étant membre de CODIR et en l'observant je me disais qu'on allait vraiment vers quelque chose qu'on ne connaissait pas du tout et que personne n'avait vraiment anticipé. Et savoir prendre les bonnes décisions au bon moment est fondamental, ne pas céder à la peur, à la panique et savoir garder son sang froid permet de garder le cap quelques soit les vagues que l'on doit affronter pour ne pas faire n'importe quoi.
Puis est venu pour moi le temps de l'action : Après une fermeture brutale du chantier suite à l'annonce du confinement, nous avons attendu, fait beaucoup de veille, scruté la parution des directives de l'OPPBTP quant aux mesures de sécurité sanitaire à mettre en oeuvre pour se mettre en ordre de bataille.
D'avoir observé en 1ère partie de confinement m'a très certainement aidée à gérer mon action de maître d'ouvrage, de chef d'orchestre d'une réouverture de chantier tant attendue...
Je me suis entourée de nos partenaires, nous avons mis en place des points hebdomadaires COVID19 pour faire des points de situation et d'état d'avancement. Chacun a pris son rôle et on s'accordait sur la marche à suivre et sur les actions à mener. Nous n'avons pas eu de dissonance car nous nous écoutions et avons travaillé tous dans un but commun. Nous nous sommes même permis d'innover, on a osé être créatif et mis en place des process dématérialisés de veille sanitaire.
Nous avons ensuite lancé une concertation avec les entreprises puis débattu, négocié et décidé collectivement des mesures à mettre en oeuvre et nous les avons adoptées collectivement. Le chemin est encore long mais m'assurer que je ne perde personne en cours de route est et reste pour moi un aspect fondamental dans notre gestion de crise. L'humain est mis au centre de nos préoccupations actuelles et cela fait toute la différence. Oui l'humain passe aujourd'hui avant toutes les considérations économiques, et notre monde professionnel l'avait oublié, sans humain pas d'économie.
La communication indispensable avec la gestion de crise ; j'ai découvert que la communication en gestion de crise est primordiale et le sens de chaque mots doit être posé, pesé et la temporalité aussi : ni trop tôt ni trop tard. Mais l'absence ou la mauvaise communication peut mettre à terre le meilleur plan stratégique. Savoir communiquer, savoir expliquer la situation telle qu'elle est et rassurer est fondamental pendant une crise. Informer régulièrement permet également de rester au plus près des préoccupations et de pouvoir réagir rapidement si besoin.
4- Le temps n'est pas à l'Ego mais à l'acceptance de ne pas tout savoir et avancer quand même
J'ai parlé un peu plus haut de résilience. Il faut aussi accepter de ne pas tout savoir, de ne pas rester dans une posture figée. Il faut apprendre et accepter de remettre en question ses connaissances au fil des informations et des faits qui se présentent. Accepter de postponner certains sujets bloquants et ne pas être dirigé par son égo pour moi est une clé dans la réussite d'une crise. Adopter une organisation agile et se focaliser sur le but et non pas sur le qui permet d'éviter tout parasite de ligne contre productif.
5- Les enseignements personnels du confinement :
Le confinement a conforté mes choix que j'avais initiés dans ma quête de sens, de pouvoir me mettre au service de citoyens, de travailler pour le bien commun.
Le travail collaboratif et faire émerger des solutions via l'intelligence collective est hyper enrichissant et stimulant et gage d'un engagement et une réussite de tous. Remettre au centre des préoccupations l'humain et les valeurs de solidarité et de respect dans l'exécution d'un projet est une véritable opportunité de bâtir un monde meilleur en lien et non à côté voir en suprématie par rapport à notre chère Terre qui nous abrite.
Je suis encore plus motivée pour permettre un virage environnemental dans l'approche de la construction des bâtiments et dans la manière de concevoir les usages de ces derniers. Etre à l'écoute des besoins et pouvoir y répondre tout en préservant l'environnement, je trouve que c'est un programme passionnant post confinement et je suis à nouveau fière d'être ingénieur Génie civil et Urbanisme! Mon rôle est désormais là à l'écoute des citoyens et de la Nature.
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