Depuis maintenant plusieurs années, on parle de nouveaux usages de travail, avec des cabinets de conseils spécialisés dans les nouveaux aménagements de bureaux ou façons de travailler : open space, flex office, espaces de coworking... Il est même fait appel à des ergothérapeutes spécialisées dans les comportements au travail comme ci on ne savait pas bosser, que les postes de travail étaient à la base des problèmes, le mal profond qui nuit à la quête de la productivité et de la marge.
J'ai eu des bureaux "à moi" (assez mal rangés il faut être honnête), des bureaux partagés et puis j'ai connu l'open space. En même temps, j'ai eu maintes fois l'occasion de subir l'obsolescence de mes lieux de travail, des bureaux "pas funs", et j'ai ensuite travaillé sur des projets de construction d'espaces neufs de bureaux, voir carrément des sièges sociaux. Je me suis rendue compte que l'espace de travail était le sujet anxiogène pour les salariés. En tout cas en France...mais pourquoi donc?
Je ne suis pas une experte en #QVT qualité de vie au travail mais la vraie question à mon sens qu'il faut se poser est : comment créer une marque employeur qui engage la confiance des salariés, un but commun? Si les salariés avaient confiance, ils ne manifesteraient pas d'anxiété, ils bougeraient. Mais il est vrai qu'aujourd'hui, les grosses structures nationales et internationales prônent des restructurations tous les 2 ans qui s'accompagnent de plans sociaux plus ou moins déguisés, où il faut faire rentrer des noms dans des cases comme un simple calcul mathématique de réduction des frais de structures, tampis pour les dommages collatéraux, il n'y a pas de place pour tout le monde, that's it. Mais malheureusement on se plante complètement en France. Quand un américain le matin ne sait pas si le soir il ne repartira pas avec son carton sous le bras : (non ce n'est pas un mythe, c'est arrivé à une collègue de bureau. C'était une simple contract Termination) il se dit ok move on, demain est un autre jour pleins d'opportunités, il pourra très certainement retrouver du travail en moins d'une semaine. Les Français sont dans un immobilisme total et c'est en partie la responsabilité des Rh et des circuits de décisions qui ne sont pas agiles pour un sou. Il faut passer 3 voir 4 entretiens, attendre les débriefs de chacun, avec une période de préavis de 3 mois, puis une période d'essais de 6 mois... il faut 1 an pour valider 1 embauche. Pas de bol il ne reste qu'un an avant la prochaine restructuration! Le monde va de plus en plus vite et nous Français on ne l'a pas encore compris.
Normal, que les salariés ne s'engagent plus : ils n'ont pas confiance et n'ont pas d'appartenance à un but commun, le sentiment de participer à quelque chose de plus grand qu'eux (ce n'est pas le 1er plan et ce n'est pas le dernier se disent ils, pour un nouveau chef c'est pareil...). Et souvent compte tenu du climat d'échanges entres les différentes instances, les uns cherchant les loups des plans stratégiques de la direction, quand les autres distillent au fur et à mesure les éléments pour éviter de faire de trop grosses vagues. On ne risque pas de prendre le train en marche...
Donc pour moi, les open spaces, les flex offices, les espaces de co working, le télétravail ne sont que le résultat d'une nouvelle manière de manager et pas l'inverse. Ce n'est pas parce qu'on crée ces nouveaux espaces, ces nouvelles façons de travailler que ça va changer la culture de l'entreprise, il faut d'abord commencee par changer profondément la façon de manager. Et ça ça demande bien plus de courage, de leadership et une vision long thermiste (d'autant plus difficile à faire accepter aux actionnaires). L'open space est tout sauf un endroit où on se dit qu'on pourra surveiller tout le monde en même temps, vérifier les heures d'arrivées et de départ le soir et prendre à partie un collaborateur devant tout le monde, comme pour montrer son autorité de chef. L'open space doit servir à décloisonner les échanges, donc doit être un endroit finalement pas si calme... Alors qu'on demande actuellement à ce qu'il n'y ait pas de bruit, encore une fois on fait fausse route parce qu'on ne fait pas confiance. Un des premiers principes qu'on m'a inculqué quand j'ai commencé à occuper un poste de management est que la confiance n'exclut pas le contrôle. Et ce contrôle, il se fait non pas par la culture du présentéisme (je vous renvoie à mon article sur le sujet sur ma page retours pro) mais par la fixation d'objectifs SMART (je vous renvoie également à mon billet sur le sujet des objectifs) et de laisser le collaborateur libre de les atteindre comme il le souhaite, le laisser maître de sa propre organisation, voir de télétravailler. Si un client n'est pas content du travail réalisé, ne vous inquiétez pas les managers sont vite au courant, parfois même avant le collaborateur!
Pour finir ce billet je dirai également que développer des open space, du flex office, mettre en place une politique de télétravail et résumer cela en une opération comptable de bilans P&L juste pour gagner des mètres carrés de bureaux à louer/ratio de mètres carrés par salarié , ne doit pas non plus être la 1ère motivation (on ne va pas se mentir, si on peut faire des économies au passage, on ne va pas cracher dans la soupe) mais cela doit permettre un meilleur partage des ressources et une meilleure agilité dans l'exercice de notre travail mais ça c'est un véritable changement de mentalités à accompagner. Et la conduite du changement c'est pas donner à tout le monde parce qu'en France on reste adepte du c'était mieux avant. Dommage, on a tant à gagner à se faire confiance mutuellement. (de quoi alimenter un prochain billet)
bonne journée à tous, que vous soyez en bureau individuel, open space, flex office, télétravail, c'est pas ça qui compte au final !
En Bonus : petite Petite de Marion Mezadorian par ici!
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